Mes articles… 

L’organisation du territoire chez le chat 

Le chat est un animal territorial. Cela signifie qu’il a un attachement privilégié à son environnement. Le chat va l’organiser et le baliser en laissant des « messages » à l’intention des autres habitants de son milieu. Quels sont les impacts de ces comportements territoriaux dans notre vie commune avec Félix, Minette… ?

Le chat possède un territoire. Le territoire est une partie du domaine vital qui est lui-même une partie de l’habitat. Illustration :

territoire, domaine vital, habitat

L’habitat est l’aire définie par l’ensemble des conditions géographiques, biotiques et abiotiques dans laquelle vit une espèce animale particulière. Il est décrit par rapport à une espèce et non par rapport à un individu.

Le domaine vital est la zone régulièrement fréquentée par un individu. C’est-à-dire tout le terrain sur lequel l’individu passe toute sa vie (s’il est sédentaire) et exerce toutes ses activités sans chercher à le défendre. Ses frontières sont floues et fluctuantes en fonction des saisons, des conditions climatiques ou des ressources.

Le territoire est, quant à lui, une partie restreinte du domaine vital qui est défendue par son occupant contre les autres individus de la même espèce.

champs et cheminChez le chat, la notion de territoire est remise en question parce que ses limites sont floues. La défense du territoire est variable d’un individu à l’autre, d’une zone à l’autre et certains territoires peuvent se superposer et/ou être partagés.

Les éthologistes préfèrent alors parler de champs​ c’est-à-dire d’aires spécifiques qui sont réservées à une activité bien précise (repos, alimentation, élimination, etc…) chacun de ces espaces étant reliés par des chemins.

Pour permettre la compréhension de ces champs et une communication interspécifique, les chats utilisent différents types de marquage.

Le marquage par frottement

En frottant différentes zones de son corps contre les surfaces, le chat dépose des phéromones.

Ces phéromones sont des substances chimiques qui, émises à dose infime par un animal dans le milieu extérieur, provoquent chez ses congénères des comportements spécifiques​. Ces molécules, chez le chat, sont sécrétées par des glandes sébacées et sudoripares ainsi que par les muqueuses urinaires et sexuelles. La composition de ces phéromones est unique pour chaque individu. Elles sont détectées par l’organe voméro-nasal de Jacobson lors d’un comportement propre aux mammifères appelé flehmen. Les phéromones varient en fonction du message que le chat souhaite laisser.

Les phéromones d’apaisement ou de familiarisation sont​ sécrétées principalement par les glandes sébacées des joues, menton et oreilles. Grâce à elles, le chat va baliser son territoire, le rendre sécure et marquer son attachement aux objets ou individus.

Les phéromones d’alarme sont émises de manière involontaire lors d’un stress intense dans un endroit ou sur des personnes inquiétantes. Ces marqueurs communiquent la peur du chat émetteur car, moins volatiles que les précédentes, elles vont rester fixées sur le support. Tous les chats en contactent avec elles vont sécréter le même type de phéromones et vont adopter un comportement d’évitement, de fuite ou si cela n’est pas possible ils pourront adopter un comportement agressif.

Les éliminations  

Ce type de marquage est à la fois visuel et olfactif (phéromones).

Il était fréquemment admis qu’il fallait faire la différence entre marquage urinaire et comportement de miction en fonction de la posture qu’adopte le chat. Or, peu importe l’attitude, chaque élimination est pour le chat un moyen de marquer son territoire (phéromones) et si besoin de se rassurer (réminiscence du nid maternel). Il est naturel pour le chat d’uriner plusieurs fois par jour à plusieurs endroits différents. L’utilisation de la litière relève donc d’un apprentissage et d’une adaptation au milieu.

Des études sont en cours pour déterminer si les selles sont ou non un moyen de marquage.

Certains auteurs estiment que non puisque les chats les recouvrent. Ce comportement d’enfouissement serait inné chez le chat domestique et aurait pour objectif de diminuer les odeurs attirantes pour les prédateurs et la contagiosité parasitaire. Pour ces auteurs, l’absence d’enfouissement serait un trouble du comportement.  D’autres auteurs voient les selles non recouvertes comme un message fort de communication, et elles sont principalement faites en hauteur ou sur des lieux de passage. Les selles recouvertes sont pour eux, un apprentissage et un mode de communication grâce aux phéromones déposées par les glandes podales (glandes sébacés se trouvant entre les coussinets) lors du fouissement.

Les griffades

Ce marquage est à la fois sonore, visuel et olfactif (phéromones émises par les glandes podales).

Elles peuvent être faites sur des supports verticaux ou horizontaux. Il semble que ce type de marquage soit principalement retrouvé près des champs d’isolement (espace dans lequel le chat ne veut pas être dérangé). Elles provoqueraient un évitement des zones marquées. Ces traces doivent être refaites régulièrement.

 

Pour Félix, Minette et beaucoup de chats domestiques ce sont les propriétaires qui imposent les champs territoriaux à leur compagnon félin. Souvent l’emplacement de la gamelle, de la litière, du couffin ou du griffoire est décidé par l’humain en fonction de ses propres besoins et non en lien avec ceux du chat ou avec les comportements innés qu’il adopte pour marquer son territoire.

C’est peut-être pour cela que le griffoire neuf non assorti à la décoration donc habilement camouflé intéresse bien moins Griffator que le canapé d’angle. Voilà peut-être l’explication des pipis hors litière de Pissouillette depuis que la litière a été déplacée au fond du garage. Voici un éclairage sur le comportement de Mr Hyde chez le vétérinaire, lui d’habitude si mignon à la maison. Et peut-être une des raisons de la folie passagère de Miss Décape qui va finir par user ses poils en se frottant, à vous, avec autant de frénésie quand vous rentrer du refuge où vous avez passé l’après-midi à offrir des câlins à Rémisansfamille.

Le chat n’adopte pas un comportement par vengeance ou pour nuire. Il ne fait qu’adapter ses attitudes naturelles à l’environnement qui lui est proposé. Elles sont parfois dérangeantes et viennent briser l’harmonie de la cohabitation. Les comportementalistes, formés à l’éthogramme, peuvent contribuer à une meilleure compréhension de ces situations pour aider au rétablissement d’un équilibre.